Dans nos sociétés d’opulence, menacées par l’obésité et le diabète, la consommation de chair animale, ou viande, apparaît comme un phénomène insensé, cruel, gaspilleur et polluant. Cette aberration est ici comparée aux multiples facettes du fétichisme, un concept né en ethnographie et en histoire des religions, puis rapidement approprié par le marxisme, la sexologie et la psychanalyse. Religion, superstition, pensée magique, violence, oppression, sexe, déni de réalité : l’objet viande présente de nombreuses relations avec ces notions caractéristiques des fétiches, relations qui éclairent certaines de ses dimensions idéologiques. In fine, tant par ses survalorisations irrationnelles que par d’autres aspects délétères, la viande peut être considérée comme un fétiche paradigmatique de la culture occidentale, qu’il serait grand temps d’exorciser.
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