« Je suis venu en Géorgien et vous me traitez comme un touriste ! Le portrait de mon arrière-grand-mère n’a rien à faire là. Vous avez voulu m’en mettre plein la vue, mais c’est horrible. Mon envie de venir au Musée National était fondée. Elle ne reposait pas que sur le désir d’y voir ce portrait, mais aussi les toiles de Répine et d’autres Ambulants ainsi que celles de Kakabadzé, les costumes et les icônes, le musée de l’occupation au dernier étage et surtout le trésor de la Toison d’or. Bref, la culture géorgienne, son histoire, ses richesses, sa mythologie. Qu’est-ce que je vais écrire moi maintenant ? Il est hors de question que je dorme une minute dans ce musée, vous m’entendez ? Vous n’aurez pas mes rêves. Vous n'aurez pas mes rêves. »
Alors qu’il devait être accueilli au Musée National de Tbilissi, l’auteur est finalement attendu à la Galerie Nationale où le portrait de son arrière-grand-mère, la princesse Mélita Cholokachvili, dite Babou, a été déplacé et « posé là comme une tarte à la crème ». Contraint de renoncer aux promesses qu’il projetait dans cette nuit, ce n’est pas tant avec les œuvres que Guillaume Gallienne va dialoguer, comme il l’espérait, mais avec sa part géorgienne. Celle léguée par Babou, muse magnifique de la vie littéraire en Géorgie au début du XXe siècle ou sa grand-mère adorée Caï, complice de ses jeunes années, qui lui donne « le goût de la lecture et des belles choses ». Les raconter, c’est aussi revisiter, entre souffrances d’enfance, imaginaire échappatoire et aspirations intenses, les racines de sa propre construction.
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