Le "colonel motor"
En mai 1934, alors qu'Hitler a engagé le réarmement de l'Allemagne et que l'Europe semble, à nouveau, marcher inexorablement vers la guerre, celui qui n'est alors encore que le lieutenant-colonel Charles de Gaulle expose sa vision stratégique dans un livre combinant traité militaire et traits littéraires de génie.
Convaincu de l'importance cruciale des blindés et de la nécessaire technicisation des corps armés, de Gaulle fait le constat d'un outil militaire français déjà obsolète, malgré la victoire de 1918. Lucide, il porte ainsi un vaste projet de réforme fondé sur la professionnalisation et la spécialisation des forces armées.
À rebours d'un haut commandement de l'armée farouchement " maginotiste ", décriée par la presse et les responsables politiques de gauche, qui l'accusent de militarisme forcené, la publication est accueillie en France avec un enthousiasme modéré. Paradoxalement, c'est à l'étranger que les thèses de de Gaulle rencontrent un certain écho, y compris parmi les stratèges militaires des grandes armées : Fuller au Royaume-Uni, von Seeckt et Guderian en Allemagne, ou encore Toukhachevski en Russie.
Rétrospectivement, la débâcle de 1940 et les combats pour la Libération confirmeront avec éloquence les intuitions présentées dans cet ouvrage prophétique, longtemps introuvable en librairie et aujourd'hui publié dans une nouvelle édition présentée et annotée par Hervé Gaymard, président de la Fondation Charles de Gaulle.
|