C’est en 1960, alors agé de 11 ans, que le narrateur entre au Séminaire.
Ce n’est pas par choix qu’il l’intègre, ce sont ses parents ainsi que les biens pensants de l’église qui lui imposent. Le narrateur raconte alors sa solitude et la tristesse qu’il va connaître pendant six ans.
Obligé de grandir trop vite et pas comme les autres enfants de son âge, ce petit garçon nous dévoile la vie difficile avant et après cette étape de sa vie.
Comment leur déplorer ces tout petits riens, qu’en réalité, ma longue navigation dans le skaï fauve et écœurant de l’autobus avait été une épreuve, que j’en étais descendu tout cafardeux et sans jambes, que je n’avais pas retenu une ligne du paysage, tout au long habité par la frêle silhouette maternelle irrésistiblement avalée dans la buée du départ, qu’à peine franchis les crocs blanchis de la grille, j’avais été ressaisi par la pénétrante tristesse des lieux, par leur rêche grisaille comme une cendre retombant sur les braises encore tièdes de cette courte fête passée avec eux, que je m’y sens abandonné dans un éternel hiver. Chers parents… tout va très bien comme chaque semaine. Comment leur confier qu’au réfectoire, alors que la règle du silence est exceptionnellement levée les jours de rentrée, ma table était restée ce soir-là sans paroles, que je n’y avais croisé que des visages lointains et fermés et qu’au dortoir certains lits n’avaient pu ravaler leurs sanglots. Comment m’épancher quand l’article 5 du Règlement intérieur précise : les lettres sont ramassées à la fin des études et remises à Monsieur le Supérieur, qui les fait parvenir à la poste. Les lettres doivent être remises ouvertes à Monsieur le Supérieur, qui, lui-même, rendra ouvertes les lettres que recevront les élèves.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
"La puissance des mots. A fleur de peau. Une jolie écriture. J ai été touchée." Corinne Girard 341968 sur Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Pierre Sautreau est né à Luçon où il réside. Ce livre est son premier récit. Il a auparavant essentiellement publié des recueils de poésie et des monographies.
Ses deux derniers livres sont Dans le jardin de mon père et Au fil de ma mère.
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