Margot Tranchemontage vend de la joie, son corps délicieux est un instrument virtuose du plaisir. Comme elle a fait ses humanités son récit est nourri des références de son époque.
....malgré notre patience et notre courage mutuels, nous n’avions fait encore que de bien médiocres progrès, et je commençais à désespérer que nous pussions couronner l’oeuvre, lorsque Pierrot s’avisa de mouiller de sa salive la foudroyante machine. Ô nature ! nature, que tes secrets sont admirables ! Le réduit des voluptés s’entrouvrit ; il y pénétra : que dirai-je de plus ? Je fus bien et dûment déflorée. Depuis ce temps-là, je dormis beaucoup mieux. Mille songes flatteurs présidaient à mon repos. Monsieur et Madame Tranchemontagne avaient beau faire craquer le lit dans leurs joyeux ébats, je ne les entendais plus.
Margot de Fougeret de Monbron peut se lire comme une parfaite pépite pornographique autant que comme une satire du roman libertin qui dépasserait ses intentions, tellement c’est drôle, touchant et osé, le tout emballé sans temps mort dans une langue virtuose et d’une lisibilité absolue. Conclusion de la préface de Paul Seudon*.*
« L’univers est une espèce de livre dont on n’a lu que la première page quand on n’a vu que son pays ». Il est l’auteur de Le Cosmopolite ou le Citoyen du Monde (1750), La Henriade travestie, sans doute l'ouvrage burlesque le plus diffusé du siècle des Lumières, où il s’est livré à une parodie presque vers par vers de l’original Le Préservatif contre l'anglomanie (1757) et La Capitale des Gaules ou la Nouvelle Babylone (1759), visant respectivement l’Angleterre et Paris. Il a traduit Fanny Hill de John Cleland, sous le titre de La Fille de Joie (1751). On lui doit des récits libertins comme Le Canapé ou Canapé couleur de feu (1741), une réponse au Sopha de Crébillon, qui circulait alors en manuscrit, ou Margot la ravaudeuse (habituellement datée de 1750, mais plus vraisemblablement parue en 1753 après une première tentative d'édition avortée en 1748), ouvrage auquel son nom demeure attaché. |