Rescapé de l’enfer de Verdun, il n’est pas seulement défiguré, il est mort vivant.
« Une nuit, la septicémie l’avait enlacé dans une longue étreinte mortelle. La fièvre le faisait divaguer. Léon avait tendu l’oreille. C’était incompréhensible, même si le mot « maman » revenait souvent. Léon ne connaissait que trop ce dialecte des derniers instants. Ce sursaut de vie sortait de tous les corps agonisants en un torrent de paroles insensées avant le râle fatidique. Alors Léon s’était rendormi. Même la mort, il s’en foutait. »
Peut-on encore mesurer l’horreur de la guerre quand le temps recouvre peu à peu les souvenirs ? Les combattants de la Grande guerre sont revenus bousillés, cassés dans leur chair et dans leur crâne. Sébastien Gehan évoque avec délicatesse et talent les affres d’un « revenant » au visage défiguré.
Peu de monde s’en souvient malgré mes cris, mais je suis né ce jour là. Mes études d'histoires-géo m’ont tellement passionné que j’ai fait cinq années d’un DEUG de Sciences-Humaines. J’ai écrit des tas de nouvelles. Plus de 70. Autant de romans inachevés traînent dans mes cartons. J'ai écrit deux pièces de théâtre, des contes pour enfants, et d'autres vraiment pas pour les enfants. J’ai gagné quelques prix dans des concours de nouvelles dont celui des Ancres Noires en 2007. Mais le plus beau prix restera toujours celui que Jean-Bernard Pouy m’a décerné en m’appelant "collègue". J’habite Le Havre. Gueule cassée est ma première publication « officielle ». |